Chez Corinne Sempéré, ce sont d’abord les signes qui parlent. Les mots viennent plus tard. Étrangère aux tourbillons conceptuels et aux néons de l’art contemporain, elle préfère en appeler aux archétypes et aux hommes d’avant l’histoire. Juste avant ce point précis de l’évolution où cessent l’épuration et le silence.
Géométrie, harmonie, féminité et brassages culturels sont tout à la fois ses valeurs, ses références et ses thématiques.
Motifs pré-incaïques, fresques amérindiennes, motifs textiles traditionnels et art africain : tout cela fonde sa création mosaïque, l’inscrit dans la grande chaîne des artisans de toujours. Ce dernier adverbe (toujours) ne se trouve pas exprimé seulement dans son patronyme, il l’est aussi dans sa démarche créative vers les sources ethniques. Elle va là où existe un enracinement, une persistance, une fidélité au métier et précise que « la découverte de ce que des hommes ont réalisé dans les civilisations anciennes, […] l’aide à rester humble devant la matière» ?
Les arts premiers d’Amérique et d’Afrique forment le point focal de son regard d’artiste, nourri, avivé par un fécond séjour prolongé au Pérou.
Mais avant tout cela, dans son désir d’en revenir aux origines, il y a la féminité, la naissance – et ce mot qu’elle affectionne visiblement : la nidation, c’est-à-dire l’implantation de l’œuf fécondé, entendons ici la présence embryonnaire des arts premiers dans son travail de mosaïste.
Au gré de ses explorations à travers l’histoire de l’art des peuples, Corinne Sempéré relève des défis techniques et esthétiques, dans le but de nous montrer avec des yeux d’aujourd’hui une beauté épurée, simple, qui ne tarit pas et appartient à tous.
Depuis 2011, Corinne Sempéré oriente son travail vers l’abstraction des signes pour un dialogue chromatique et ludique dans ses compositions « naturelles » de matériaux collectés lors de ballades. La mer et le monde végétal sont autant de sources d’inspiration.
Pierre-Jean Brassac,
janvier 2012